Poème (Dans la chute, inutiles... [3])
Puisqu'il me faut regarder dans le retro, afin d'essayer de me mettre en paix avec mon passé. Pour mieux pouvoir tracer...
Six bonnes années, dans les coulisses du Pouvoir, ont presque eu raison de mon espoir en l'humain, et de mon optimisme. Presque.
Des bureaux aux suites d'hôtels luxueux, en passant par les jets ou les voitures, j'ai parfois l'impression de n'avoir vécu que cela. Comme si j'étais devenue, à un moment donné, "la salope à la mode" chez l'élite. Je ne parle pas que des politiques, entendons-nous bien. La plupart ne sont que des marionnettes, dont d'autres tirent les fils. N'est-ce pas, d'ailleurs, ce que j'ai fait, en un sens ? ..... un ange est passé, dans leur monde .....
Aujourd'hui, encore, je suis assez rongée par tout ça. Certaines de mes consoeurs, avaient des buts, tout comme moi. Mais la majorité n'y entrent que pour le fun, le frisson d'être là "où le sort du monde se décide", ou tout simplement le luxe. Mais toutes, ont a un truc en commun. Deux même, quand on y songe. Le sexe et la connerie...
Accoudée à la rembarde, sur la terrasse, elle regarde les flocons de neige venant mourir sur l'eau du lac. Le frisson qui lui parcourt le bas du dos, n'est, en aucun cas, dû au froid qui s'installe sur Lake Louise.
Malgré le silence dont il a usé, elle le sent derrière elle. Elle sent la présence de son regard, braqué sur le tableau qu'elle constitue. Elle, en premier plan, et le panorama incroyable de beauté derrière. En tendant l'oreille de son âme, elle peut percevoir les battements du coeur de l'homme. Un coeur, qui malgré le statut de celui qui le porte, n'en reste pas moins un coeur d'enfant. C'est ce qui lui a plu, chez cet homme. Il sait, lorsqu'on le prend de la bonne manière, se montrer généreux.
Malheureusement, comme tous les hommes de son acabit, la stupidité reprend souvent le dessus. Comme s'ils étaient incapables d'apprécier la beauté à sa juste valeur... Leur réaction, face à la magie, semble les conduire inexorablement à l'obtusion. Alors, elle attend. Elle attend de voir si celui-ci fera exception à la règle. Alors qu'elle boit une gorgée d'impérial, la réponse fuse, brutale.
Je t'aime.
Elle en manque de s'étouffer avec le champagne. Mais réagit très vite. Un choix à faire. Dans le 8ème de seconde qui suit. Rire, s'énerver, mentir, juste ce soir, en lui disant qu'elle aussi ? Alors, elle se retourne, silencieuse, le regard et le sourire énigmatique. Tranquillement, elle boit une autre gorgée, et avance d'un pas. Elle se campe, fermement, face à lui, à seulement deux mètres.
De ce geste, gracieux et et fortement érotique, elle lui intime le silence. Son index ne reste pas longtemps immobile sur ses lèvres. Les braises dans ses yeux se ravivant, les flammes naissant, elle pince l'ongle et la première phalange. Avec une effronterie extrême, arrachant un gulp à son partenaire, elle mime une lente fellation. Elle prend un immense plaisir à le voir s'agiter sur son siège, mal à l'aise, impatient. Mais elle le tient, en son pouvoir. Tous deux le savent.
Gonflant ses joues, et ses yeux, elle mime l'explosion. Elle retire, avec une lenteur, une douceur affolante, ses lèvres de son doigt. Le laissant en l'air, droit. Lèvres serrées, elle passe néanmoins un petit bout de langue dessus, en fixant intensément sa victime. Sans tourner les yeux, elle penche la tête, telle une prédatrice, réfléchissant au prochain coup qu'elle va porter à sa proie. Dominer, sans être trop violente, pour que le jeu dure... Elle sait le faire.
Elle lève sa coupe, et fait glisser son contenu dans sa bouche, avant de jeter cette dernière au sol, et de ramener sa main sur la ceinture de son vison. Elle penche l'index de sa main gauche à l'horizontale, et le passe entre ses lèvres entrouvertes. Et tandis qu'elle avale, cette main, également, vient se poser sur la ceinture. Avec une désinvolture dont elle a le secret, elle ouvre, offrant les siens, de secrets, à la vue de son amant. Nouveau gulp de celui-ci.
C'est ça, que tu aimes, mon salaud, réplique-t-elle en avançant vers lui.
Elle s'installe, sur lui, ses tibias reposant le long de ses cuisses. Chevaucher lui procure toujours cette sensation de grandeur. Elle savait l'effet qu'elle lui procurerait, en achetant cette parure Victorienne. Et elle sourit, en songeant que la victoire est encore plus douce qu'elle l'espérait. Elle sent l'état dans lequel elle le met, même au travers de son pantalon et de la soie de ses dessous luxueux. Elle s'en délecte, tout en se frottant lascivement à lui, penchant son corps vers l'arrière.
Tu vas contracter une pneumonie, si on continue ainsi...
D'un mouvement de rein, elle se redresse. Approchant son visage à l'extrème limite du sien. Dans la condensation de son souffle, elle lui murmure, tout en posant une main sur sa braguette :
Alors ne t'embarasses pas de protocoles inutiles, et prends-moi. Vite et fort.